Snapchat : après le décollage, les turbulences
Cela fait presque une semaine que Snapchat est entré en fanfare en bourse. En démarrant sa cotation au Nasdaq jeudi dernier, ses fondateurs Evan Spiegel et Bobby Murphy, sont devenus les milliardaires les plus jeunes. Mais depuis le début de la semaine, tous les gains ont été effacés. Explications.
Quelles leçons tirer de l’IPO de Snapchat ?
Le 2 mars dernier, l’entrée du petit fantôme était triomphale : 40 % de hausse pour atteindre un prix au plus haut de 27,09 $. Puis lundi 06/03, chute de 12 %. Le lendemain, ça continue : chute de 8 %. 40 % de hausse pour atteindre un prix au plus haut de 27,09 $.
Avis aux amateurs de “bons coups” : attention avant de se lancer sur n’importe quelle marque ou entreprise à la mode qui s’introduit en bourse. Il ne faut pas se précipiter lors des IPO car, de toute façon le prix d’introduction ne profite qu’aux institutionnels (grandes banques, fonds d’investissements, personnes privilégiées…). Le particulier ne peut entrer dans la vague qu’une fois qu’elle s’est déjà déclenchée. Nous vous avions déjà mis en garde dans un article rédigé en novembre 2016, lorsque nous étions au courant du projet d’IPO de Snap (si vous voulez le relire, c’est par ici).
Alors que nous reste-t-il à faire, nous petits investisseurs à l'affût d’opportunités ? Ne pas trop écouter les grands médias (FinanceDir vous pouvez y aller, on est petits), se construire progressivement une culture économique afin de compter sur votre propre opinion et beaucoup observer. C’est sur le “terrain” que l’on repère ce qui marche. Alors observons comment nos ados vont évoluer et s’ils ne se lasseront pas un jour ou l’autre de se prendre en photo avec des têtes de chien ou en train de vomir des arcs-en-ciel.
Ce n’est pas la première fois qu'une société du secteur technologique connait un parcours boursier chaotique. Nous pensons notamment à Facebook et Twitter. Facebook a connu en 2012 un peu le même scénario que connaît Snap : une hausse rapide lors de l’introduction en bourse et les quelques jours suivants. Puis une baisse assez prononcée avant de repartir à la hausse au bout d’un an quasiment. Pour Twitter, c’est un peu différent. La hausse du début a perduré mais le cours s’est retourné et n’arrive pas à se redresser depuis. Malgré la renommée de ce réseau social et son utilisation par de nombreux acteurs économiques, notamment dans le secteur de la finance ; les investisseurs ne croient pas à un succès durable du business model du réseau à l’oiseau bleu.
Que nous réserve Snapchat pour la suite ?
Et c’est bien là le point qui fâche aussi avec Snap. Ok d’accord, leur application fait un carton auprès des ados et des jeunes adultes. Mais en attendant, l’entreprise Snap n’a pas réalisé un seul euro de bénéfice depuis sa création, et même, elle a perdu précisément 515 millions de dollars l’année dernière. Les analystes se demandent bien comment l'entreprise va réussir à rentabiliser son business model dans les années qui viennent. Sachant que la popularité de Snapchat n’est pas garantie dans le temps au vu du succès croissant d’Instagram qui appartient à Facebook et qui propose (non sans avoir un peu copié Snapchat comme disent les détracteurs), les mêmes fonctionnalités. A titre personnel, je les trouve d’ailleurs meilleures. Bref, là n’est pas le sujet de cet article. On peut nuancer la critique en soulignant qu’il est bien vu et habile de la part des patrons de Snap de se diversifier en lançant les Spectacles. Ces lunettes qui permettent de prendre des photos et de courtes vidéos font en ce moment un carton aux USA. Pareil, il faut voir comment évoluent les ventes et si d’autres produits sont en préparation.
C’est pas gentil de noircir le tableau (on n’est pas là pour être gentils mais factuels) mais il y a un sujet de plus qui rend sceptique par rapport à la marque au fantôme. C’est le fait que ses papas fondateurs (spiegel et murphy) détiennent quasiment tous les pouvoirs de décision. En effet, lors de l’introduction en bourse de Snap, ce ne sont qu’un type précis d’actions qui ont été émises. Elles ne donnent aucun droit de vote aux investisseurs. Ce sont les fondateurs qui resteront maîtres de toutes les décisions stratégiques avec 70 % des droits de vote. Les actionnaires n’auront aucun mot à dire. C’est une grande nouveauté dans le monde boursier pour des entreprises de cette taille et ce n’est pas fait pour nous rassurer… Nous ne serons pas les seuls à observer l’évolution du cours de Snap. De grandes sociétés que vous connaissez tous comme Uber, AirBnB et Spotify vont scruter de près comment se comporte l’action Snap car, eux aussi espèrent se lancer en bourse prochainement. Évidement, FinanceDir sera là pour vous épauler et vous éviter de faire des bêtises. En attendant, vous pouvez faire un tour dans nos rubriques sur l’investissement boursier et la spéculation, cela ne vous fera pas de mal.
Ah oui, attendez ! On avait oublié de vous raconter une anecdote marrante sur cette fameuse IPO de Snap. Vous l’avez peut-être vu quelque part, mais des investisseurs se sont trompés d’entreprise et ont acheté en masse des titres de Snap Interactive, une entreprise de logiciels, sans aucun lien avec Snap. Même si l’erreur a été rapidement repérée par Bloomberg, elle a perduré jusqu’au 2 mars.
Voilà, c’est tout. Sortez du troupeau, restez branchés sur FinanceDir pour vous en sortir ;)