La loi Sapin 2 et l'assurance vie
L’assurance-vie représente 39 % du patrimoine financier des Français. L’adoption de la loi sapin 2 vous inquiète, car elle risque de contraindre les retraits des fonds en euro. Autre sujet d’inquiétude concernant les fonds en euros, la baisse continue de leur rendement qui en moyenne atteindra en 2016 moins de 2 % alors qu’il était supérieur à 5 % au début des années 2000.
En quoi consiste la loi Sapin 2 ?
Cette loi sapin 2 vise à empêcher les retraits massifs des fonds en euros. C’est une mesure de précaution pour qu’en cas de situation extrême de krach obligataire avec une remontée violente des taux longs, les épargnants ne retirent pas tous en même temps leur épargne de ces fonds en euros. Car cette situation brusque mettrait en danger la stabilité et la survie des assureurs qui gèrent ces fonds. La loi vise donc à temporiser les retraits en les limitant sur une durée de 3 mois renouvelable 1 fois. Le gouvernement a donc rassuré les assureurs en leur donnant les moyens de se prémunir face à des situations inattendues. Mais cette loi a été mal expliquée aux épargnants et suscite donc des incompréhensions et entraîne des critiques infondées envers les acteurs financiers.
Dans quel contexte cette loi a t-elle était votée ?
On assiste à une remontée des taux longs depuis fin septembre, qui s’est accélérée depuis l'élection de Donald Trump. Il y a également un retour des anticipations d’inflation, surtout du côté des USA avec une politique de la FED attendue plus hawkish (c’est-à-dire visant à augmenter les taux d’intérêt). Cela met en difficulté les traders obligataires professionnels qui sur le court terme se retrouvent dans une situation délicate, car ils cherchent à vendre des obligations qui se retrouvent dévalorisées et en même temps à en acheter des nouvelles, plus rentables.
Par contre, les gérants d’assurance-vie sont moins impactés, car ils ont une approche plus long terme. Ils voient quand même baisser la valeur de leurs portefeuilles d’obligations, mais cela les impacte peu, car ils sont pour la plupart des porteurs de long terme, c’est à dire qu’ils cherchent à garder les obligations qu’ils détiennent jusqu’à leur échéance. Ils gardent donc les obligations jusqu'au remboursement du capital et continuent à percevoir des coupons. Donc voir la valeur de marché des obligations qu’ils ont en portefeuille baisser aura un impact comptable, mais ne leur pose pas un problème en soi sur le long terme. Par ailleurs, cette remontée des taux peut être vue comme l’occasion pour les fonds en euros de regagner du rendement, car les nouveaux emprunts obligataires qui rentreront dans les fonds auront un meilleur rendement.
Qu'est ce que cela implique pour la suite ?
Alors pour faire face à ces inquiétudes, il existe des alternatives pour améliorer le rendement de son contrat d’assurance-vie. Il faut diminuer la part de l’épargne qui est allouée aux fonds en euros. Tout d’abord, il existe des fonds flexibles diversifiés qui ont une vocation patrimoniale de préservation du capital sur le long terme même s’il n’est pas garanti. Il existe également d’autres fonds dit de “nouvelle génération” comme les fonds immobiliers, les fonds opportunistes et les fonds à gestion active. Les fonds euro-croissance sont également un bon compromis entre les fonds en euros et les unités de compte, car ils n’offrent qu’une garantie à terme du capital, mais avec en contrepartie des rendements supérieurs aux fonds en euros.
Tout l’enjeu pour les assureurs comme pour les épargnants est de trouver le savant équilibre entre les fonds en euros et les fonds en unité de compte. On constate un fort besoin de conseil et d’accompagnement pour apprendre à reconnaître les fonds boursiers qui performent et pour savoir adopter un bon “market timing” (investir au bon moment, parfois à contretemps, c’est-à-dire ne pas paniquer quand les marchés baissent et ne pas acheter au plus haut).