Manipulations de change : l’enquête continue

K Cyril

Cyril K - Le 22 déc. 2016 à 09:26
Mise à jour : Le 13 avr. 2017 à 13:41

5 pour 3 vote(s)

C’est une affaire qui avait secoué le monde des banques et de la finance qui s’apprête à repartir de plus belle. L’enquête sur la manipulation des taux de change s’ouvre à d’autres devises, qui elle aussi auraient pu être manipulées par les banques pour générer davantage de bénéfices sur le Forex.

Manipulations de change : l’enquête continue

Le gouvernement américain jette un pavé dans la mare. En effet, selon Bloomberg, une des références de l’information dans le monde économique et financier, l’enquête concernant les manipulations de change pourrait être élargie. L’enquête de 2015 avait sanctionné de grandes banques américaines, comme JPMorgan Chase et Citigroup ainsi que des banques européennes comme les britanniques Barclays ou RBS, ou suisse comme UBS. Le montant total de leurs amendes cumulées atteignait tout de même les 5,7 milliards de dollars.

Une enquête relancée

C’est les banques elles-mêmes qui ont apporté une nouvelle donne dans cette affaire: Barclays, JPMorgan Chase et Citigroup ont sciemment fourni de nouvelles preuves d’entente sur le Forex. L’arnaque des traders serait la même que celle réalisée en 2015, elles concerneraient simplement d’autres devises.

Les trois banques qui ont apporté ces preuves seront vraisemblablement récompensées. En effet, étant toutes trois concernées par les sanctions de l’enquête de fin 2015, elles pourraient voir le montant de l’amende qu’elles doivent payer diminuer. C’est une audience de détermination des peines qui prendra très prochainement cette décision.

Comment fonctionne l’arnaque ?

On parle ici d’une arnaque qui se déroule sur le plus grand marché financier au monde. Rien que ça. Il s’agit du marché des changes, appelé également le marché des devises ou encore Forex pour les initiés. Il faut savoir que, chaque jour, ce ne sont pas moins de 5 300 milliards de dollars qui s’échangent sur ce marché, soit environ 6 % du PIB mondial ou encore, plus que le PIB total de la France, de la Russie et du Canada réunis. Une arnaque sur ce marché peut alors générer des sommes extrêmement élevées.

Les traders, qui doivent jouer sur ces marchés pour générer des bénéfices pour leurs employeurs, ont joué sur le fixing pour créer cette arnaque. Le fixing est un taux de référence sur lequel se basent toutes les transactions entre les différentes devises (21 au total) présentes sur ce marché. Chaque jour, un nouveau fixing est déterminé par la WM Company, qui se trouve à Londres à 16 heures précises, un détail qui a son importance dans le stratagème des traders tricheurs. Le fixing a pour but de permettre de se rapprocher la plus possible de la réalité de l’offre et de la demande des devises échangées. Pour calculer ce taux, la WM Company met une minute, montre en main. Elle regarde l’ensemble des transactions réalisées entre 15h59m30s et 16h00m30s et, en fonction des différents échanges fixe ce taux.

C’est à ce moment précis de la journée que les traders des différentes banques se sont concertés. Ils ont décidé de parier, tous en même temps, des sommes astronomiques sur des devises précises, dans le but de déséquilibrer le marché, et ce uniquement au moment où le fixing est calculé. Une fois 16h00m30s passé, le marché reprend son cours classique, les traders ayant retiré leurs paris déroutants. Ce stratagème leur permet ainsi d’augmenter ou diminuer le taux de change des monnaies qu’ils souhaitent, dans le but de revendre celles qu’ils possèdent beaucoup plus chères. Cette arnaque a donc fortement profité aux banques tricheuses, au détriment des fonds d’investissements ou autres investisseurs privés.